Mickaëlle Cedergren (2021)
C’est avec une immense joie que j’ai appris au printemps 2021 que je serais la nouvelle récipiendaire de la bourse de recherche de Birgit Bonnier. J’étais non seulement très heureuse mais aussi honorée d’être la première lauréate à recevoir ce prix en tant que chercheur senior puisque cette bourse n’avait alors été distribuée qu’à des doctorants. J’étais bien sûr pleine de gratitude.
Cette bourse de recherche m’a permis de disposer de davantage de temps de recherche dans mon poste universitaire et m’a donné la chance de me consacrer pendant l’automne 2021 à un nouveau projet dont le but était d’étudier la langue française et son imaginaire chez les écrivaines suédoises francophones.
Au cours de l’automne 2021, j’ai donc commencé mes recherches en m’appuyant sur les travaux de Margareta et Hans Östman (Au Champ d’Apollon 2008 et Glanures 2012) dans lesquels figurent répertoriés toutes les auteures suédoises ayant écrit en français, leur biographie et l’inventaire de leur manuscrits ou/et de leurs œuvres publiées. En examinant ce matériau resté, à mes connaissances, inexploité, j’ai pu y découvrir une mine d’informations intéressantes. J’ai alors réalisé que de nombreuses femmes suédoises avaient écrit en français, avaient publié à Paris alors que j’ignorais tout de ces femmes ! L’une d’entre elles m’a fascinée plus que les autres ; il s’agissait de Marika Stiernstedt (1875-1954).
En faisant la découverte de ces textes, j’ai alors saisi l’importance de cette femme pour le domaine des transferts culturels franco-suédois. Marika Stiernstedt avait introduit la littérature française en Suède pendant la fin de la grande guerre et était devenue une médiatrice de la littérature scandinave en France pendant l’entre-deux-guerres en France. De plus, elle avait entretenu une correspondance avec Lucien Maury, l’introducteur par excellence de la littérature scandinave en France à cette époque. Au cours de l’automne 2021, j’ai pu donc prendre connaissance de cette correspondance conservée à la Bibliothèque royale de Stockholm et y faire des découvertes inédites comme par exemple l’existence d’un contrat d’édition entre la maison Albin Michel et Marika Stiernstedt. Marika était une écrivaine suédoise active qui avait réussi à percer dans le champ éditorial français mais aussi dans la presse de l’époque en écrivant dans des revues prestigieuses. De plus, le fait qu’elle ait auto-traduit plusieurs de ses romans en français soulignait sa volonté de devenir une écrivaine de langue française. La correspondance qu’elle a entretenue avec Lucien Maury nous fait découvrir leur amitié mais aussi le soin apporté par Marika pour trouver un bon collaborateur français pour l’aider à traduire ses œuvres, consciente de l’importance de « traiter le français avec élégance » comme elle le confie à Lucien Maury le 5 février 1934.
Autant de découvertes passionnantes que je n’aurais pas pu faire sans la bourse de recherche de Birgit Bonnier!
Je me réjouis de pourvoir bientôt publier les résultats de cette recherche dans un numéro spécial (prévu à l’automne 2022) de la Revue nordique des études francophones consacré à ces femmes suédoises de langue française.